A la rencontre de Rémi Camus

Rémi CAMUS, aventurier, explorateur, formateur en technique de survie et conférencier depuis 13 ans, nous livre quelques-uns de ces secrets et sa vision du monde.

Découvrez les valeurs qui le motivent et qu'il soutient. 

Comment as-tu découvert cette passion pour le sport ? ​

J’avais une autre vie avant, dans la restauration, une vie d’excès en tout genre et je me suis retrouvé dans une situation très mal à l’âge de 21 ans. À 2 doigts de tomber par terre sous l’influence de stupéfiant. Et je me suis dit, ça serait dommage d’arrêter sa vie à 21 ans et qu’il y avait probablement d’autres choses à faire. J’ai donc décidé de partir en Nouvelle-Zélande.

J’ai commencé à apprécier le sport à ce moment-là, car quand j’étais gamin, j’en faisais un petit peu, mais je passais plus de temps dans la forêt à faire des cabanes perchées qu’à aller pratiquer du sport avec les copains. J’ai de la chance d’avoir du patrimoine génétique du côté de mon père qui m’a beaucoup aidé.

J’ai commencé par courir 3-4-5 km pour le plaisir et je m’y suis mis quotidiennement. L’addiction que j’avais avant est devenue celle du sport. Ma première addiction était la nourriture, mais c’est dommage de se concentrer que là-dessus. Et vu que j’étais devenu mordu par le sport, cela te permet de manger beaucoup car tu te dépenses. 2 addictions à la place d’une, c’est vraiment cool 

Comment es-tu devenu « professionnel » ?

Comment es-tu devenu « professionnel » ?

On ne va pas à l’école pour devenir aventurier explorateur, il n’y a pas de diplômes comme le médecin. Dans l’exploration, ça n’existe pas. Je suis devenu professionnel dans ma discipline quand j’ai commencé à avoir une certaine visibilité et que les gens te faisaient confiance. Que ça devenait logique de dire : Rémi Camus est un aventurier explorateur. C’est très compliqué de se positionner parfois, car tu as le syndrome de l’imposteur de se dire que le combat que je menais a du sens, est-ce que je suis reconnu par mes pères ? Maintenant, j’arrive à en vivre et je sais que ce que je pratique est une discipline professionnelle parce que j’ai mis en place tout un écosystème autour de moi qui le rends professionnel.

Tes exploits sportifs sont impressionnants, quelle est la motivation qui te pousse à continuer ?

Il y a plusieurs choses, j’aime beaucoup les défis sportifs, me retrouver dans des situations merdiques, mais un peu pour me sentir vivant.

C’est un truc qui me fait vibrer et ça me permet de me faire un point sur moi-même lorsque que je fais mes aventures seules sans personne même si le Calvi Monaco sera accompagné, ils n’auront pas le droit de me parler.

Ça me permet de faire le point sur moi-même, c’est ce qui me fait du bien d’être capable de mettre en place un projet de A à Z, du papier à la restitution, et ensuite, il y a les différents messages.

La partie environnementale qui me touche beaucoup parce qu’on vit sur une planète magnifique et qui est fragile. Elle mérite plus d’attentions de la part des gens, des multinationales et des politiciens. Qu’ils arrêtent de regarder leur petit nombril et qu’ils regardent ailleurs. C’est important ça. Il y a aussi un message sur les valeurs humaines.

Ce sont des aventures humaines. On fait les choses. J’ai des coachs, une partie market et com, les partenaires, c’est un tout. Ce n’est pas, j’ai fait un truc en ski, un truc vélo, un truc en natation. On l’a fait, car s’ils ne sont pas là, on ne peut pas le faire. Il faut remettre l’église au milieu du village et remercier tout le monde, car c’est grâce à tout le monde qu’on fait de belles choses. Ce qui me pousse aussi est le message que je fais passer aux enfants sur la confiance en soi, mettre en place des projets et surtout, je ne suis pas nul, je suis capable de faire plein de choses.

À chacun son Everest. On n’a pas besoin de faire le plus gros projet au monde pour vivre un truc intensément. Je pense qu’il est important aujourd’hui de montrer notamment avec les réseaux sociaux de montrer qu’on est capable de faire plein de choses. Il faut montrer les échecs et les réussites.

C’est un tout, c’est ce qui me motive.

Quel est le déclic qui a fait que tu mets tes performances au service de la protection de la planète ?

C’est pendant ma première aventure en Australie. Elle n’était pas tournée sur l’environnement, mais principalement pour les rencontres. Quand je dis la rencontre, il y a double sens : la rencontre des autres, des aborigènes (leur mode de vie, etc.) mais la rencontre de Rémi. J’avais besoin de savoir qui j’étais, de me retrouver tout seul au milieu de nulle part pour faire un point sur moi-même.

Et puis il y avait un autre intérêt de cette aventure, c’était pour parler du syndrome de Lowe, une maladie génétique qui touche les garçons, on a une centaine de cas de petit garçon touché en France et je suis le parrain de l’association depuis 2019. 

C’est pendant la traversée que j’ai pris conscience de l’eau, pas de la pollution, mais dans sa globalité. On sait que l’être humain est composé à 60-70% d’eau, que tous les êtres sur terre, la faune, la flore, les animaux,… ont besoin d’eau. L’eau, c’est la base de la vie.

Je me suis rendu compte qu’au bout de 4 jours sans boire, ça devenait plus que vitale et on s’en fout de tout ce qui peut avoir autour de soi, la seule chose que l’on veut, c’est boire. C’est ça qui m’a fait un déclic sur l’environnement. Et je voulais en comprendre plus sur l’eau une fois que j’avais terminé l’Australie. J’ai donc descendu le Mékong et c’est là que j’ai pris conscience de toutes les problématiques environnementales liées aux déchets, car le fleuve Mékong est une véritable poubelle, parce que les gens n’ont pas les mêmes moyens que chez nous et on se retrouve avec une quantité de détritus dans le fleuve… Pour terminer les mers et les océans. C’est comme ça que ça a vraiment commencé

Tu côtoies la nature au quotidien, comment impact-elle ta vision de la vie ?

Tous les jours, je pars faire mes entraînements. Que ce soit sportif à la salle, dans mon congélateur, ou de la nage en rivière, … J’ai besoin de sortir, de sortir. Si je n’ai pas ces séances de sports à l’extérieur, que je ne peux pas sortir, me promener, prendre l’air, ça ne va pas. 

J’ai aussi besoin de faire mes stages de survie pour partager, pour rencontrer des gens, pour transmettre ce que j’ai pu acquérir pendant ces années. Mais j’ai également besoin d’aller dans cette nature pour me vider la tête. 

J’adore ces week-ends de cohésion et de partage avec tous les stagiaires, car on est dans la forêt, on est bien. Parce que ça fait du bien. 

Je pense qu'il faudrait plus de gens, je n’incite pas les gens à venir faire des stages de survie chez moi (hahahah) mais j’incite les gens à partir dans la nature et couper leur téléphone portable. À aller se promener en bordure de rivières, en forêts, à la montagne tout en étant en sécurité bien entendu pour vraiment se vider la tête. C’est extrêmement important surtout dans notre mode de vie actuel où on te demande toujours plus encore et encore, ou on te surmenage. On a une grosse problématique en ce moment qui est sur le burn-out, un stress important lié au travail.

J’ai cette chance de faire une métier passion qui me plaît, que j’adore, c’est cool et il y a beaucoup de gens qui font un métier qui ne leur convient pas et ne leur plaît pas. Donc je pense que de couper de temps en temps, d’aller dans la nature se ressourcer ça leur ferait du bien, vraiment.

Ton envie de partager est-elle toujours intacte ?

Intacte ou toujours la même ? En-tout-cas, je prends toujours autant de plaisir à aller rencontrer les enfants dans les écoles, à aller entreprise parler de ma vision du monde (sur un point de vie environnementale et écologique à travers les aventures) ou sur la notion de se dépasser, de sortir de sa zone de confort, de se faire confiance, etc.

C’est toujours un réel plaisir de le faire. J’ai toujours cette flamme à l’intérieur de moi parce que j’ai d’autres projets derrière. Si j’étais resté à une seule aventure, en 2000, je serais toujours en train de parler de la même chose en 2023, je pense que la flamme s'éteindrait, car tu aurais l’impression de faire de la redite et ce n’est plus intéressant.

On a besoin de tous ces challenges, de sortir de sa zone de confort, de tenter de nouveau projet, car c’est ce qui nous anime, sinon on se retrouve à 40 ans, à poser sa démission sur le bureau de son patron, de mettre un terme à sa relation avec sa femme ou son mari et on décide de faire un voyage et de tout plaquer. Je pense que c’est la routine qui nous tue.

Il faut juste trouver le juste milieu entre la routine qui est mortelle tout comme l’extrême. Je pense qu’il y a un juste-milieu qui peut être parfait en vivant des choses challengeant, intense, à la limite de la sécurité pour certains, pour moi ça ne l’est pas, car la sécurité est très importante depuis que je suis papa, mais on peut trouver l’entre deux pour que ce soit tout aussi piquant de pouvoir passer le reste de sa vie sur cette bonne vieille terre.

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